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Randall Harbour, le 12 juillet 2007.

Chère Caroline, Chère Famille de Jean-Marie, Chers Amis,

Jean-Marie Dufour a été le premier et le seul Président du Conseil de Fondation du RUIG. Il en était son âme et sa conscience. Il a piloté le navire RUIG à travers des flots extrêmement turbulents.

L'aventure RUIG a commencé en 1999, un projet monté par des partenaires universitaires et Jean-Marie Dufour avec le soutien de la Confédération suisse et de l'Etat de Genève.

Il y avait à cette époque une vision commune autour d'une mission, une mission en laquelle Jean-Marie croyait profondément. Il incarnait cette mission: réunir la théorie et la pratique afin d'avancer la connaissance et le progrès humain. Jean-Marie avait une conscience internationale, agissant sur la scène européenne, française et genevoise. Il a mis son immense intelligence et son énergie au service de ses nombreux partenaires: le CERN - qui était un modèle pour lui - les Universités de Genève et de Grenoble, l'Etat de Genève, l'ONU, l'Union européenne et évidemment, le RUIG. Avec finesse, perspicacité et intégrité, Jean-Marie a toujours œuvré pour un monde plus éclairé et harmonieux.

Depuis quelques jours, je me replonge dans les origines du RUIG. Jean-Marie était de toutes les batailles et a maintenu le cap, restant constant dans ses convictions.

Un texte qu'il a écrit en 2002 résume sa vision. Il parle d'un RUIG "porté par la tradition de la Genève internationale et l’aspiration commune des milieux universitaires et des organisations internationales." Grâce à des travaux pratiques menés conjointement, cette structure devait "apporter une contribution nouvelle et efficace tant à l’action des opérateurs internationaux qu’à la mission du monde académique."

Vendredi dernier Jean-Marie et moi avons discuté de l'annonce que le RUIG mettrait dans la presse écrite. Il voulait évidemment que l'on dise qu'il était Président du Conseil de Fondation; il souhaitait que l'on parle également de la mission du RUIG. Cela peut paraître curieux, mais il était parfaitement lucide et il avait un but.

S'il a voulu que je vous adresse quelques paroles aujourd'hui ce n'est pas pour vanter ses qualités. Vous les connaissez, et dans ce cas je vous aurais parlé de son intégrité, de sa culture, de l'amitié qu'il portait en lui pour ses semblables et pour beaucoup d'entre vous ici présent.

Je vous aurais parlé de cet homme de dialogue, de consensus, et de sa fine analyse des situations, du diplomate, du rassembleur. Il était fair play, franc jeu. Il agissait par conviction, pas par intérêt personnel.

Mais enfin, s'il a souhaité que je vous dise quelques mots, c'était pour vous parler de cette mission à laquelle il a consacré tant de temps et d'énergie. Il m'a dit l'autre jour, et je cite: "Tout le monde en parle depuis 60 ans, et personne n'a été fichu de le faire. Nous l'avons fait". Il voulait que ce qu'il a construit, avec ses amis et ses compagnons de route, lui survive.

Jean-Marie Dufour a affronté cette dernière épreuve comme il avait vécu toutes les autres: dignement et avec philosophie. Le monde universitaire et la communauté internationale perdent un confrère généreux et dévoué.

Je tiens à exprimer, au nom du RUIG, toute ma sympathie et ma compassion à la famille de Jean-Marie. Une pensée spéciale va à sa femme, Caroline, qui a illuminé ses dernières années et pour qui il avait énormément d'amour et d'estime.