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Eva-Maria Gröniger-Voss, le 12 juillet 2007.

« Le Professeur Schopper ayant si bien retracé la carrière de Jean-Marie, j’aimerais maintenant, également au nom de mes collègues, évoquer l’homme, l’être humain, qu’était Jean-Marie et qui va tant nous manquer.

Ensemble, collègues et amis proches, nous avons dressé une liste des qualités qui nous viennent spontanément à l’esprit lorsque nous pensons à Jean-Marie. Ce fut chose facile.

Cher Jean-Marie,

Parmi vos nombreuses qualités, nous pouvons citer:

Cette énumération de qualités très nobles serait incomplète sans mentionner la chaleur humaine que vous nous avez transmise dans notre vie professionnelle de tous les jours.

En ce qui me concerne, cher Jean-Marie, j’ai eu la chance de passer 16 ans de ma vie professionnelle - de ma vie tout court - à vos côtés. Nous étions, comme vous le disiez quelques fois en riant, "un couple administratif".

Pendant tout ce temps, vous avez été pour moi un tuteur, un collègue et surtout un ami inconditionnel. Je souligne le mot inconditionnel, parce qu'il me semble rare et précieux que la qualité de notre collaboration et de nos relations n'ait jamais été altérée, même au cours d'une si longue période de travail en commun.

Avec votre soutien, Jean-Marie, je suis devenue votre successeur. Dans une situation familiale difficile, je pensais devoir abandonner mon activité professionnelle. Vous étiez convaincu que ce n’était pas une bonne décision et avez tout fait pour que je ne change pas de cap. Je vous en suis infiniment reconnaissante et me suis engagée à perpétuer vos valeurs.

Après votre départ en retraite, vous avez été mon “sounding board”, toujours prêt à m’écouter et à me conseiller. Vous ne le faisiez pas avec l’attitude de celui qui est content de voir qu’on a toujours besoin de lui, mais avec la bienveillance d’un père, qui se réjouit que son enfant réussisse à marcher seul. Il est vrai que vous avez été un deuxième père pour moi.

Il y a quelques semaines, nous avons eu l’occasion de nous dire combien nous étions tous les deux conscients et heureux de la rareté et de la valeur de notre amitié.

Pour tous les membres du Service juridique, vous avez été un tuteur, nous apprenant la pratique du droit dans une institution intergouvernementale. Vous nous avez fait partager et transmis votre passion pour ce domaine particulier du droit et pour l'Organisation elle-même.

Dans tout ce que vous faisiez, vous avez toujours eu le souci de préserver cette institution scientifique européenne, le CERN, que vous aimiez tant. De même, vous avez toujours eu à cœur de préserver les intérêts de vos collaborateurs.

Dans notre travail, vous nous avez encouragés à faire confiance à nos convictions et à ne pas lâcher sur les principes. En ce qui concerne les détails, vous étiez très content de nous les confier.

Avec tous mes collègues, nous avons pu vivre une relation de travail empreinte de confiance et d'amitié. Nous avons pu travailler, discuter, se disputer, rire, fêter et même chanter ensemble. Dans votre bureau toujours ouvert, vous étiez accessible. Malgré toutes vos nobles qualités, vous étiez un homme qui aimait la simplicité.

Venir en vélo et passer les matinées en tenue de cycliste vous a souvent valu la question: Savez vous où est le Conseiller juridique? Une de vos collaboratrices se souvient que, lors de son entretien d’embauche, alors qu’elle s’était préparée à rencontrer un homme en costume trois pièces, tiré à 4 épingles, vous lui êtes apparu vêtu d’un survêtement et chaussé de rollers, à sa grande surprise.

Lors de nos fêtes d’étage, il fallait toujours faire venir le piano du Music-club pour nous permettre de chanter «Les trois poules», chanson dans laquelle les plus grands esprits intellectuels pouvaient se retrouver.

Enfin, la citation suivante résume une de vos caractéristiques essentielles qui est le sens de la perfection:

"La perfection ce n'est pas de faire quelque chose de grand et beau mais de faire ce que l'on fait avec grandeur et beauté".

Nous avons tous été, chacun à notre manière, les disciples de Jean-Marie et de belles choses continueront sans doute à germer et à naître de cet apprentissage. C'est de cette façon qu’il continuera à vivre en nous.

Je termine en m’adressant à toi, Chère Caroline, et à vous chers enfants et petits-enfants de Jean-Marie:

Sachez que nous partageons votre douleur devant son départ précipité de ce monde. J’espère que ce qui vient d’être dit sera un réconfort et contribuera au souvenir commun de Jean-Marie. »