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Martine Brunschwig Graf, le 12 juillet 2007.

Hommage à Jean-Marie!

Le lundi est généralement le jour où nous tenons séance, entre Amiables Compositeurs, Jean-Marie, Laurent et moi, pour remplir la tâche de médiation que nous a confiée le gouvernement genevois.

Ce dernier lundi, nous n’avons pas siégé et Jean-Marie est parti vers d’autres cieux, là où les problèmes ancillaires des milieux diplomatiques n’ont plus cours, là où nous l’imaginons, chacun à notre manière.

Depuis le jour où il nous avait fait part de ses soucis de santé, il n’a eu de cesse de tenir la maladie en respect. Il l’a fait par amour à l’égard de Caroline, de ses enfants, de ses proches et de ses amis. Mais Jean-Marie a aussi agi ainsi parce qu’il a toujours démontré une grande conscience des responsabilités qui lui étaient confiées.

Il est tentant de vouloir effacer de nos mémoires les moments difficiles, à l’heure des adieux. Pourtant, je ne crois pas qu’il faille faire ainsi.

Le soin qu’a pris Jean-Marie à prendre congé, sa volonté d’être présent au monde jusqu’ au bout mérite reconnaissance et admiration.

Il y a bien des façons de faire face. Celle qu’il a choisie résume une manière de vivre.

Depuis que je le connais je l’ai toujours vu assumer ses responsabilités, prendre à cœur la mission qui lui était confiée et s’impliquer dans la résolution des problèmes et des conflits. Bien sûr, il aura été porté par sa passion pour la science, la recherche, mais aussi sa volonté de dire le droit, de veiller au respect des règles, sa conviction qu’en définitive, les normes constituent une protection indispensable contre l’arbitraire et l’injustice. Mais la passion et la volonté ne suffisent pas. Il faut aussi la probité et la rigueur morale.

De cela, il a fait profession et il a tiré le meilleur!

Avec certaines personnes, point n’est besoin de parler beaucoup pour se comprendre. Pour Jean-Marie, les mots comptaient, il en avait un sens précis, et leur attachait un poids minutieusement mesuré. Pour moi et pour nombre d’entre nous sans doute, il illustre cette définition de l’honnête homme tel que l’entendait Pascal. Je pense que Jean-Marie aurait apprécié qu’on lui dédicace aujourd’hui cette phrase: "Qu’on ne songe point qu’il parle bien, sinon quand il s’agit de bien parler".

Et peut-être que dans nos imaginaires, Jean- Marie rencontrera le Chevalier de Méré et l’entendra répondre à Pascal que: "L’honnêteté n’est rien de moins que la quintessence de toutes les vertus... peu s’en faut que nous ne comprenions sous ce mot les plus belles qualités du cœur et de l’esprit".

Nous ne pouvons rien contre l’absence de Jean-Marie. Mais nous pouvons, chère Caroline, chère famille, le faire vivre dans notre esprit, conserver précieusement le meilleur de lui-même et poursuivre dans notre cœur un dialogue alimenté par tout ce que nous percevons de lui!

Sachez que les Amiables Compositeurs restants partagent votre tristesse et vous donnent en partage l’affection qu’ils éprouvent à l’égard de Jean-Marie.