Introduction
et enjeux
L'état
du Gujarat, dont plus de la moitié du territoire se
situe en zone aride ou semi-aride, est en phase de définition
d'une politique de l'eau. Les risques de sur-exploitation
des eaux souterraines sont au centre des débats et
les mesures envisagées portent essentiellement sur
la limitation de l'exploitation et sur la tarification de
l'eau, reprenant ainsi les orientations dominantes en matière
de gestion de l'eau.
Les recherches effectuées dans le Gujarat
ont été menées en collaboration avec
une ONG indienne, " Aga Khan Rural Support Programme,
India " (AKRSP,I)) implantée depuis près
de vingt ans et dont l'action porte largement sur la mobilisation
de l'eau et la gestion participative des aménagements
hydrauliques. Les travaux ont été effectués
dans une des trois zones d'action de l'ONG, zone située
en milieu semi-aride. Dans les villages dans lesquels ils
interviennent, les membres d'AKRSP ont collecté des
informations détaillées sur l'utilisation
des terres, l'irrigation, les utilisateurs de l'eau etc.
Ces informations, qui ont servi de base au programme de
recherche, ont été regroupées et structurées
dans un système d'information géographique.
L'un des objectifs de la collaboration avec AKRSP est de
développer un instrument contribuant à l'évaluation
et à la définition des ses actions en particulier
en matière d'aménagement hydraulique et d'efficacité
d'utilisation de l'eau.
Dans ces villages soumis à de fortes
contraintes édaphiques, économiques et sociales,
les résultats obtenus questionnent la validité
des orientations de la politique en cours de définition.
Les problèmes de sur-consommation d'eau ne sont pas
généralisés mais se concentrent plutôt
dans les zones d'irrigation intensive, économiquement
importantes mais géographiquement restreintes. Dans
les villages étudiés, l'irrigation est limitée
du fait des contraintes du milieu (fertilité des
sols et topographie) auxquelles s'ajoute une faible capacité
d'investissement des agriculteurs. De plus, les ressources
en eau sont très hétérogènes.
Certains villages disposent d'eau de surface, d'autres uniquement
d'eau souterraine dont la qualité est variable. Par
ailleurs, les possibilités d'irrigation sont soumises
à de fortes fluctuations interannuelles.
Ainsi, dans cette zone d'étude, l'enjeu
n'est pas de réduire l'exploitation de l'eau mais
d'augmenter les capacités d'irrigation, d'améliorer
l'efficacité de son utilisation et de favoriser une
répartition équitable entre les utilisateurs.
La conciliation de ces trois objectifs n'est pas aisée
et les actions d'AKRSP ont jusqu'à présent
privilégié la mobilisation de l'eau. Il apparaît
toutefois que ces objectifs ne sont pas antagonistes. Leur
conciliation nécessite une adaptation fine des aménagements
et des modes de gestion à la diversité des
situations. Des lors, les principes de gestion, y compris
les plus largement admis tel que la participation financière
des utilisateurs à la réalisation des aménagements,
doivent être évalués au cas par cas.
Ronald Jaubert, Yoann Fayolle
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