Introduction
Les régions arides et semi-arides
couvrent plus de 70 % du territoire syrien. Depuis l'émergence
de l'agriculture dans cette région il y a plus de
10'000 ans, la maîtrise de l'eau a toujours constitué
un enjeu majeur. Jusqu'à très récemment,
l'attention au plan national et international était
quasi exclusivement focalisée sur la mobilisation
des eaux de surface et plus particulièrement sur
le projet d'aménagement de la vallée de l'Euphrate.
Depuis 1980, la surface des terres irriguées en Syrie
a plus que doublé. L'efficacité des investissements
publics est cependant toute relative. Les programmes d'Etat
mobilisant les eaux de surface n'ont en effet contribué
que pour moins d'un tiers à l'augmentation des surfaces
irriguées. Les deux tiers de l'accroissement proviennent
d'initiatives individuelles d'exploitation des eaux souterraines.
La Syrie s'est doté dès les
années 1950 d'une législation en matière
d'utilisation des eaux souterraines. La portée de
ces mesures a été pour le moins limitée:
près de la moitié des puits recensés
dans le pays ont en effet été forés
sans autorisation. Au-delà de la faiblesse des moyens
de contrôle, cette situation est le reflet d'une absence
de volonté politique d'intervention dans un domaine
sensible. Toutefois, après une longue période
d'inertie, la question de la gestion des eaux souterraines
a récemment été mise en avant avec
l'aide de la Banque mondiale.
Les autorités
syriennes ont mis en place en 2001 un ensemble de mesures
visant à réguler et à réduire
l'exploitation des eaux souterraines dans les marges arides.
Ces dernières sont considérées comme
particulièrement sensibles du point de vue hydrogéologique.
L'analyse des sources d'approvisionnement et de l'utilisation
de l'eau montre que ces mesures peuvent être contre
productives en terme d'efficacité d'utilisation de
l'eau. Elles n'auront en effet qu'un effet limité
dans les cas de sur consommation de l'eau et pénaliseront
fortement les exploitants utilisant l'eau le plus efficacement.
R. Jaubert
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